Maurice Cérisola, Président du Cluster Maritime de la Réunion, nous explique en quoi consiste ce cluster.

 
Cet ancien rotarien, qui a été membre fondateur du RC Etang Salé en 1993, débute sa conférence par la définition d’un Cluster : il s’agit d’un regroupement, d’un groupe de pression et de lobbying.
Le cluster maritime français regroupe 400 grandes entreprises dans le maritime.
La France méconnaît son potentiel économique maritime : depuis le discours à Brest de l’ancien Président Nicolas Sarkozy, toutes les régions de France ayant une façade maritime ont participé à l’élaboration du Livre Bleu sur les atouts de la mer.
La France possède 11 millions de km2 de zones d’exclusivité économique (ZEE, surfaces maritimes exploitables avec les limites des 200 miles) : ce qui représente 18,5 fois la superficie de la France. A la Réunion, cela représente 500 000 km2, et si l’on intègre les îles françaises de la zone (Mayotte, îles éparses, etc..) on atteint les 2 millions de km2.
Avec le futur projet d’intégration de la Polynésie française, la France possèdera la première façade maritime du monde. Actuellement, elle se positionne en seconde position, derrière les Etats-Unis, mais devant l’Australie. La France ignore pour le moment sa puissance maritime, et le cluster est là pour exercer son lobbying !
A la Réunion, le Cluster regroupe 30 membres, composé de sociétés diverses (assureurs, professionnels de la pêche, etc…) et exerce uniquement une activité de lobbying.
Pour information, il faut savoir que la zone est très dense en activité maritime, car le Canal du Mozambique voit transiter 40% du transport d’hydrocarbures au niveau mondial !
Pour être efficace, il faut surveiller ces zones d’exclusivité économique : à la Réunion, notamment dans le domaine de la pêche à la légine, ce rôle est dévolu à 2 frégates de la Marine Nationale.
Cette surveillance militaire a évolué grâce aux nouvelles technologies, comme la surveillance satellitaire, ce qui nous assure une couverture assez efficace.
La 1ière marine mondiale est détenue par les Etats-Unis, mais la Chine et la Corée ayant compris l’immense enjeu économique que constitue la mer, se dotent à marche forcée de porte-avions et de grands bâtiments flottants !
Les 8 RUP (Régions Ultra Périphériques), dont font partie les Outre-Mers français, bénéficient d’aides de l’Europe compte tenu de leurs spécificités et de leur éloignement géographique. Mais avec l’intégration d’autres pays tels que la Scandinavie, d’autres RUP souhaitent bénéficier de cette manne financière : il faut que nos 57 parlementaires qui représentent les Outre-Mers Français puissent parler d’une seule voix afin d’être plus efficaces à l’avenir.
La France peut beaucoup mieux faire pour exploiter son potentiel maritime : à la Réunion par exemple, nous importons 95% du poisson que nous consommons !
Depuis le 1er janvier 2013, notre port a évolué pour bénéficier désormais du statut de Grand Port Réunion, sous gestion de l’Etat, doté d’un Conseil de Surveillance et d’un conseil de Gestion. Il gère 220 000 containers par an, et l’objectif est de doubler cette capacité, afin de créer de l’emploi localement.
3 sociétés maritimes sont en concurrence à la Réunion pour le transport : MSC, Mersk, et CMA/CGM. Cette dernière société veut faire de la Réunion un Hub régional, ce qui nous permettrait d’atteindre notre objectif de doublement de notre capacité de containers.
Pour ce faire, de grands travaux vont être financés pour accroître le tirant d’eau pour passer de 13 à 15m, afin d’accueillir des bateaux transportant 8 000 containers, ce qui nous repositionnerait plus favorablement face à la concurrence de Port Louis, Durban ou de Moroni.
Maurice Cérisola a eu l’occasion d’être le porte-parole de la Réunion lors des Assises de l’économie maritime qui se sont tenues à Nantes avec la présence du 1er Ministre et de la Ministre de l’Outre Mer : ce fut une belle opportunité pour faire valoir les atouts de notre île, encore trop méconnue de nos dirigeants nationaux !